Salaire des enseignants (suite)
Salaire des enseignants, pourquoi une telle chute ?
Bernard Schwengler apporte plusieurs explications à cette baisse tendancielle :
- La baisse de la valeur réelle du point d’indice avec la fin de l’indexation de la valeur du point d’indice sur l’inflation puis le gel du point d’indice depuis 2010. Ces deux mesures sont la première explication de la baisse.
- La hausse des retenues sociales comme la CSG, la CRDS.
- Le faible niveau de primes dans le salaire enseignant en comparaison par rapport à d’autres corps de la fonction publique d’Etat dont le tableau ci-dessous le prouve.
Tableau sur le taux de prime dans la fonction publique d’Etat de 1982 à 2009 (en % du traitement indiciaire brut) chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (PIS). Source : Bernard Schwengler, Salaire des enseignants, la chute, ed L’Harmattan, 2021.
1982 |
1995 |
2002 |
2009 |
|
Ensemble des cadres et professions intellectuelles supérieures |
14,00% |
18,00% |
16,00% |
20,00% |
1) Cadres non enseignants |
22,00% |
36,00% |
46,00% |
54,00% |
Magistrats |
20,00% |
37,00% |
– |
51,00% |
Administrateurs civils |
30,00% |
40,00% |
53,00% |
64,00% |
Ingénieurs des grands corps |
36,00% |
40,00% |
58,00% |
74,00% |
Attachés et inspecteurs |
18,00% |
31,00% |
40,00% |
45,00% |
2) Enseignants |
9,00% |
14,00% |
10,00% |
11,00% |
Professeur des universités |
3,00% |
10,00% |
8,00% |
9,00% |
Maître de conférences |
6,00% |
13,00% |
9,00% |
9,00% |
Professeurs agrégés |
16,00% |
24,00% |
18,00% |
– |
Professeurs certifiés, professeurs des écoles et assimilés |
11,00% |
13,00% |
9,00% |
10,00% |
Ce tableau est certes un peu long mais très éclairant sur la différence en termes de taux de prime entre les cadres enseignants et non enseignants.
Cette montée du taux de prime a permis aux cadres non enseignants de compenser les pertes de salaire et le gel progressif du point d’indices ce que n’ a pas permis le faible taux de primes des cadres enseignants.
Ce tableau éclaire aussi les enjeux sur la future ex réforme des retraites si elle est maintenue en l’état. Même en intégrant les taux de prime dans le calcul des pensions, celles des enseignants connaîtra une baisse sensible s’il n’y a pas de hausse sérieuse des salaires pour compenser.
Cette réforme des retraites serait la triple peine pour les enseignants après le gel du point d’indice et donc des salaires et le faible niveau de primes.
Le combat de la CFTC-EPR pour la revalorisation des salaires et donc une juste pension quand l’heure de la retraite sonne, est donc tout à fait sérieux et même essentiel pour l’attractivité future de nos métiers.
Un dernier mot sur la création de la classe exceptionnelle et l’élargissement de l’accès à la hors classe. Bernard Schwengler montre que la classe exceptionnelle permet à peine de rattraper le niveau de salaire de la hors classe dans les années 1980 et donc que l’allongement de la carrière et de l’accès aux classes supérieures est aussi un moyen de freiner l’avancement des salaires.
La CFTC-EPR, dans l’attente d’une véritable revalorisation des salaires, ne peut que porter le combat pour l’accès généralisé à la classe exceptionnelle pour l’ensemble des corps enseignants.
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