Mois : février 2020

 

L’employeur public est garant de la santé, du bien -être et de la sécurité au travail de ses agents…

 Monsieur le Ministre,

Il est aisé de lire cette phrase sur le site de l’Education Nationale à l’adresse https://www.education.gouv.fr/cid4253/sante-bien-etre-securite-travail.html.

La CFTC-EPR s’interroge sur la mise en place de cette obligation, dans l’Education Nationale.

En effet, depuis de nombreuses années, le mal être des enseignants ne cesse de progresser.

Tout récemment, Madame RENON, directrice d’école maternelle à Pantin, l’a encore exprimé, avant de mourir, dans son courrier transmis à sa hiérarchie. Par ses mots, elle a exprimé ce que vivent, au quotidien, les enseignants, leurs ressentis. Les mots « épuisés… soucis… accumulés… éprouvés… l’employeur ne fournit pas les outils de travail… pas confiance au soutien et à la protection que devrait nous apporter notre institution… déprime… fatiguée…»

Ces mots sont forts de sens et pointent du doigt les manques de notre ministère.

Comment demander à un employé de travailler dans cette situation ?

Quelles solutions ont été apportées pour remédier à cette situation ? Quel bilan faire aujourd’hui, soit quatre mois après la mort de notre collègue ?

Mise à part une enquête, quelques prises de paroles d’apaisement de nos dirigeants, rien ! Du moins rien, concrètement, dans les solutions à apporter sur le terrain, mais la souffrance des enseignants est toujours présente et réelle !

Pour la CFTC-EPR, notre employeur, le Ministère de l’Education Nationale, doit prendre la hauteur de cette situation.

Pour la CFTC-EPR, il est urgent de prendre des décisions pour que chaque enseignant puisse travailler en toute sérénité, entrer dans son lieu de travail en toute sécurité, en toute confiance, effectuer ce que Charles PEGUY identifie comme « le plus beau métier du monde, après le métier de parent, (et d’ailleurs c’est le métier le plus apparenté au métier de parent), c’est le métier de maître d’école et c’est le métier de professeur de lycée. »

« Le plus beau métier du monde » ne fait plus rêver actuellement ! Pour preuve, les nombreuses démissions, les nombreuses places aux concours non pourvues…

Et pourtant, n’est-ce pas par notre jeunesse que l’on pourra élever notre pays, le rendre plus performant ? Si le but de notre gouvernement est celui-ci, il est temps de redresser la barre et de donner les moyens aux enseignants d’assurer leurs missions ! La politique du pressoir et du dénigrement doit s’arrêter ! La santé physique et mentale doit être la priorité de l’employeur.

La CFTC-EPR vous demande, Monsieur le Ministre, de tout mettre en œuvre pour « garantir la santé, le bien-être et la sécurité au travail de tous ses employés ! »

Pour la CFTC-EPR, cela passe par une réelle mise à plat des situations sur le terrain et une remédiation par des actions concrètes :

. Relever et prendre en compte toutes les situations difficiles sur le terrain,

. Mettre en place une formation obligatoire pour tous les responsables sur le management bienveillant

. Obliger, le terme peut paraître fort, mais rien ne sera fait autrement, les collectivités à mettre en priorité la rénovation du bâti scolaire, la sécurité dans les établissements (portail électrique avec gâche d’ouverture à distance, signal d’information silencieux pour les PPMS, des sonneries adéquates pour les PPMS…), l’équipement des établissements, à donner les moyens minimaux aux écoles pour fonctionner : une école propre et sécurisée, un bureau pour la direction avec un ordinateur, une salle des professeurs, une salle de réunion…

. Mettre à disposition du personnel des psychologues,

. Responsabiliser les inspecteurs sur leur rôle d’aide et de soutien,

. Donner à l’école une entité juridique lui permettant d’ester en justice,

. Augmenter les effectifs de la médecine du travail en milieu scolaire.

Pour la CFTC-EPR, un réel changement positif doit s’opérer.

Monsieur le Ministre, il vous appartient de tout mettre en œuvre, en ce sens.

Direction d’école : à quant une prise en compte des difficultés des directeurs d’école et de l’école ?

Face à la grogne installée chez les directeurs d’école, le ministère a élaboré une enquête, une de plus, à destination des directeurs et directrices d’école au mois de Novembre 2019.

Si l’intention peut paraître louable, il s’avère que la réalité est bien autre : un questionnaire ouvert à tous, des questions fermées et orientées, pas de question ouverte sur le métier et les orientations à venir, aucune évocation d’un futur statut !

 

Aussi, la synthèse ministérielle a été présentée le 10 janvier 2020.

 

Pour la CFTC-EPR, il n’y a rien de nouveau !

 

On pourrait même dire que l’on constate une régression de l’importance que le ministre donne à la place de la direction d’école dans l’établissement !

« Près de 2 directeurs sur 3 ont répondu à l’enquête sur la direction d’école ». Les résultats ont été aussitôt communiqués lors d’une réunion organisée par le Ministère à laquelle  la CFTC-EPR était présente.

La CFTC-EPR a fait remarquer à l’Administration le bémol qu’il fallait apporter à ces résultats : en effet les questions fermées et orientées ne permettaient pas un juste reflet de la situation. De plus, le questionnaire étant ouvert à tous, acceptant le fait que l’on puisse y participer plusieurs fois, n’assure pas l’honnêteté des questionnés, ni des chiffres avancés !

 

Que retiendrons-nous de cette synthèse ?


Que le « métier de directeur » est chronophage, que le rôle de directeur est bien souvent télescopé par le métier d’enseignant, que des domaines comme la sécurité, le fonctionnement administratif, le suivi collectif des élèves, le pilotage, le suivi des situations individuelles et les relations avec les parents, sont omni présents dans le quotidien des directeurs et directrices d’école…

Il est à noter que des mots sont mis, une fois de plus, sur la situation de la direction d’école, démontrant l’état d’asphyxie de la direction d’école : surcharge de travail, chronophage, stress, fatigue, manque de temps, manque de reconnaissance, lourdeurs administratives…

 

De même, il est intéressant de constater que plus de 20 % des sondés estiment que le nombre total d’heures qu’ils consacrent aux tâches de direction dans une semaine, est supérieur en moyenne  à 30h00 (une donnée maximale verrouillée !), tandis qu’ils ne sont que 11% en décharge totale. Cela démontre bien la surcharge de travail ! Une question se pose : comment lier ainsi vie professionnelle et familiale ! Il va de soi que les directeurs sont à plus de 40h00 par semaine, car au-delà du temps de présence à l’école, où ils doivent être réactifs en toute situation, un temps d’organisation et de mise au propre des divers courriers et compte rendus doit être effectué chez soi !

 

Il est toujours navrant de constater que notre hiérarchie, bien qu’elle dispose de secrétaires, conseillers en tout genre, missionnés et autres aides, ne puisse admettre que la direction d’école doit disposer d’une secrétaire pérenne, d’un bureau digne de ce nom, d’un ordinateur, d’une salle de réunion… Que dire alors du fait que 75% des sondés estiment qu’ils consacrent le plus de temps à la fonction administrative ? Il est enfin temps que l’on acte le fait qu’un directeur a besoin d’une secrétaire, au quotidien, pour : gérer les accès à l’école en dehors des heures d’entrée/sortie de classes (ouverture des portes, réception des livraisons, etc.), répondre aux appels téléphoniques, traiter les messages électroniques, assurer la reprographie et la distribution de documents…

Il est encore à noter que 66% des sondés estiment que le domaine de la sécurité est le plus pénible. Rien de nouveau, mais il est même inquiétant, que le directeur d’école soit responsable des personnes et des biens, qu’on lui attribue toutes sortes de responsabilités en la matière, sans jamais d’aide, ni de moyens de pouvoir assurer ses missions ! On ne frise plus le ridicule, on y est ! Où en est la responsabilité de l’employeur qui ne donne pas les moyens des objectifs qu’il fixe à une partie de ses employés ? Faudra-t-il attendre un énième malheureux événement catastrophique pour que des mesures soient prises ? Soyons sérieux et professionnels !

 

Le soutien demandé par les sondés est important : 62% pour le suivi de situations individuelles des élèves et 40% dans le cadre de la relation avec les parents. Cela implique un triste constat : le directeur est seul ! Dans le secondaire, le chef d’établissement dispose à cet effet d’une assistante sociale, d’une infirmière, d’un CPE, d’un adjoint pour aider, accompagner les élèves… Le directeur, une fois de plus, sans moyen, sans formation, doit dépenser énormément d’énergie pour effectuer ce même travail, dont la charge est répartie sur plusieurs professionnels dans le secondaire ! Il est triste de constater qu’un directeur d’école ne dispose pas d’une équipe de direction pour l’aider et le soutenir dans ses décisions, contrairement au chef d’établissement ! Une fois de plus, on peut s’interroger sur l’équité entre le premier et le second degré !

 

Rien de bien nouveau sous le soleil ! Ce questionnaire n’est pas à la hauteur des attentes des directeurs et directrices d’école !

Il est navrant de constater qu’aucunes données concernant l’attribution de matériel, la prise en charge des frais de fonctionnement, le bâti scolaire, de la part des municipalités ne soient notifiées. Il serait judicieux qu’une enquête mette en relation l’état du bâti scolaire, les budgets de fonctionnement qui sont si différents d’une commune à une autre, voire d’une école à une autre, faisant subir de nombreux désagréments au fonctionnement des écoles et par ce fait à la direction d’école ! Une fois de plus, on peut s’interroger sur l’équité de l’apprentissage en France !

Les directeurs et directrices veulent de la considération, et demandent à ce que leur métier soit reconnu, que l’on définisse les limites de leur champ d’intervention et qu’ils aient les moyens de mener à bien leur mission.

 

Cette demande de reconnaissance ne peut se faire qu’à travers un statut qui définit leurs devoirs, leurs droits, incluant les moyens tant humains, financiers, techniques et logistiques, leur permettant de représenter l’Education Nationale et de faire fonctionner les écoles de toute la France. Cette question, évincée du questionnaire, est posée par 10% des sondés, comme question qui n’a pas été posée et qui aurait dû l’être, et arrive en tête des réactions spontanées !

Maintenant que le cadre est posé une fois de plus, que va-t-on proposer aux directeurs et directrices d’école ? Quelles solutions seront apportées pour répondre aux besoins évoqués ?

 

Pour la CFTC-EPR, réduire les mesures à la seule simplification des tâches devient ridicule ! Depuis novembre 2014, le ministère essaie avec des bouts de chandelles, d’instaurer une simplification des tâches de la direction d’école, sans succès ! Beaucoup de bruits pour aucune efficacité !

 

Pour la CFTC-EPR, il est plus qu’urgent que l’on apporte des réponses concrètes aux directeurs et directrices d’école : des moyens humains, matériels et une reconnaissance financière à la hauteur du travail qu’ils effectuent au quotidien. Cela est primordial !

 

Un triste constat pour lequel aucune solution n’a été apportée ce jour : les directeurs et directrices sont seuls !  Au-delà de disposer de moyens humains à la hauteur de la mission, il est nécessaire que la direction d’école puisse disposer d’un accès direct à un espace juridique pouvant répondre, conseiller, en fonction de chaque situation qu’elle peut rencontrer.

 

La CFTC-EPR, plus que jamais, est déterminée à faire entendre la voix de ses adhérents et proposera lors des rencontres les différentes améliorations qui lui semblent nécessaires …

La retraite…

Et nous, et nous, et nous ?

La loi de réforme des retraites, toujours en discussion, devrait intégrer l’augmentation nécessaire du salaire des enseignants, d’après le ministre.

La CFTC EPR constate, à travers les projets actuels que la loi n’inscrit rien sur l’augmentation du salaire des autres personnels de l’Education nationale qui ont, eux aussi, des grilles de salaires qui restent faibles.

Le ministre a bien précisé lors de son message de vœux que tous les personnels verraient leur salaire revalorisé. Cela restera-t-il un vœu pieux ? 

La négociation est déléguée au ministre de la fonction publique.

Mais comment avancer maintenant sans confiance ?

L’ambiance très détériorée du conseil commun de la fonction publique qui a été convoqué ce mercredi 22 janvier 2020 en dit long sur l’état du dialogue social.

La CFTC-EPR demande à M. le Ministre de revoir sa copie, d’instaurer un véritable dialogue social et exige un engagement ferme concernant une augmentation des salaires de l’ensemble des personnels de l’Education Nationale sans aucune contrepartie.