Soyons raisonnable…

Suite aux diverses annonces médiatiques concernant le déconfinement prévu le 11 mai, le Premier Ministre nous présentera des mesures de déconfinement le mardi 28 mai vers 15h00.

Nous devrions connaître alors quelles seront les mesures prises pour un retour progressif à la vie sociale.

Concernant les crèches, écoles et établissements du secondaire, un protocole sanitaire sera présenté pour qu’ils puissent rouvrir dans les meilleures conditions possibles. Tel est le voeux de tous !

Cependant, si tout semble aller pour le mieux dans les strates, la réalité du terrain est autre.

La CFTC-EPR rappelle ici que la sécurité du personnel et des usagers doit être la priorité de notre administration. Aussi, le confinement et le télétravail sont les seules solutions que la CFTC-EPR préconise à l’heure actuelle.

Le retour à la vie sociale dite “normale” devra se faire progressivement, en optant pour la mise en place au préalable de conditions de sécurité optimales. 

La CFTC-EPR insiste sur le fait que le retour en classe n’est pas sans risque, actuellement, tant pour les enseignants que pour les élèves. Elle demande par conséquent du ministère de vraies garanties concernant les conditions sanitaires de réouverture des classes. Le retour à l’école à partir du 11 mai ne pourra avoir lieu qu’après avoir pris toutes les mesures d’hygiène indispensables pour le personnel et pour les élèves : désinfection des lieux, gels à disposition, dotation de masques entre autres. 

Face à la pression des parents, le ministre de l’Education Nationale a expliqué que les familles pourront décider de ne pas envoyer leur enfant à l’école le 11 mai, à condition de poursuivre l’enseignement à distance. Ce point remet en question l’égalité des apprentissages et la rupture pédagogique annoncées comme maux pour une reprise le 11 mai ! Aussi, pourquoi ne pas garder la solution actuelle de la continuité pédagogique mise en place par les enseignants, en attendant d’avoir les moyens de faire face au virus ?

La question de l’enseignement à distance se pose de nouveau. L’enseignant ne peut être en classe et faire du travail à distance, en même temps.

D’autres questions restent en suspens, et dans la plupart des Académies, tous sont en attente des directives…

Beaucoup de discussions, peu d’actes sur le terrain ! La CFTC-EPR ne peut cautionner un tel flou. 

Comment préparer un retour aussi crucial en émettant seulement des suppositions et en attendant les protocoles ministériels qui seront élaborés par des personnes bien éloignées de la réalité du terrain.

Aujourd’hui, beaucoup de questions se posent, notamment sur la situation des enseignants des écoles, collèges et lycées dans les Académies. Ils ont effectué un travail exemplaire qui a permis de garder le contact avec de nombreux élèves. Néanmoins, bon nombre d’entre eux présentant des pathologies à risque ne pourront reprendre. Comment seront-ils remplacés, en sachant que déjà, dans la situation normale, le contingent de remplaçants est loin d’être suffisant ?

Pour rappel, voici ci-dessous, la liste des critères pathologiques définis par le Haut conseil de la santé publique (HCSP) (disponible à l’adresse : https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/actualites-du-ministere/article/coronavirus-qui-sont-les-personnes-fragiles) :

- les personnes âgées de 70 ans et plus ;
- les patients aux antécédents cardiovasculaires : hypertension artérielle compliquée, antécédents d’accident vasculaire cérébral ou de coronaropathie, chirurgie cardiaque, insuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV ;
- les diabétiques insulinodépendants non équilibrés ou présentant des complications secondaires à leur pathologie ;
- les personnes présentant une pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale ;
- les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée ;
- les malades atteints de cancer sous traitement.
- les personnes avec une immunodépression congénitale ou acquise :

    • médicamenteuse : chimiothérapie anti cancéreuse, immunosuppresseur, biothérapie et/ou une corticothérapie à dose immunosuppressive,
    • infection à VIH non contrôlé ou avec des CD4 <200/mm3,
    • consécutive à une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques,
    • liée à une hémopathie maligne en cours de traitement,

- les malades atteints de cirrhose au stade B ou C de la classification de Child-Pugh ;
- les personnes présentant une obésité morbide (indice de masse corporelle > 40 kg/m2)
- les femmes enceintes à partir du troisième trimestre de la grossesse.

Concernant le nettoyage des établissements, les collectivités en ont-elles les moyens ? Comment nettoyer les jeux manipulés à longueur de temps par les enfants en maternelle ? Comment nettoyer plusieurs fois par jour les sanitaires ? Comment sera organisée la restauration scolaire ? Y en aurait-il une ?

Quelques maires font déjà part de leurs difficultés en termes de personnels, voire de budget. La CFTC-EPR leur demande de prendre des décisions responsables : si vous n’avez pas les moyens, refusez d’ouvrir ! Il en va de votre responsabilité. Personne ne jettera la pierre à ceux qui refusent de mettre en danger les enfants, les parents et le personnel.

La CFTC-EPR est bien consciente des difficultés. Elles démontrent que la reprise n’est pas possible actuellement. Nous devons être certains que les conditions matérielles d’hygiène et de sécurité soient optimales, et pour le moment, le compte n’y est pas !

Pour ces raisons et dans cette situation, nous demandons aux recteurs de différer cette reprise. Nous demandons également aux maires, aux présidents des collectivités de refuser l’ouverture des établissements du premier et du second degré. 

La CFTC-EPR demande à Monsieur le Premier Ministre de prendre en compte ces éléments dans l’élaboration de la mise en place du déconfinement dans les établissements, à une date ultérieure.




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