« Il faut mieux payer nos professeurs… » (Jean Michel Blanquer, 2 juin 2020)

Cette phrase prononcée par notre ministre de l’Education nationale le 2 juin dernier sur une radio nationale sonne comme une évidence.

Les salaires des professeurs et plus généralement ceux de tous les personnels de notre ministère sont très dévalorisés depuis une quarantaine d’années.

Un seul exemple suffit : En 1976, le traitement d’un professeur débutant équivalait à 1,95 SMIC, aujourd’hui c’est à peine plus d’1,2 SMIC que gagne ce même enseignant en début de carrière. Même chose pour les fins de carrière, un enseignant gagnait 3,87 fois le SMIC en 1976 pour un peu plus de 2,7 fois le SMIC aujourd’hui.

Un célèbre proverbe dit « Quand je me regarde, je me désole, quand je regarde ailleurs, je me console ». Il n’en est rien quand nous nous comparons à nos voisins européens. Il suffit de regarder le tableau ci-dessous sur les salaires des enseignants en début et fin de carrière :

Salaire annuel brut en dollar US d’un enseignant selon l’OCDE en début et fin de carrière.

Pays Salaire début de carrière Salaire fin de carrière
Luxembourg 79551 138278
Allemagne 63554 83451
Danemark 45134 52182
Espagne 43565 61542
Pays bas 41308 84468
Autriche 40411 78495
Suède 37565 50964
Finlande 36081 46927
Irlande 33961 69306
Portugal 32886 65416
France 31002 54009
Italie 30738 46030
Slovénie 26822 48166

Le constat est éloquent. La France n’est qu’au 12e rang européen pour le traitement de ses professeurs. Même si ce tableau n’est qu’un indice de la situation actuelle et que chaque pays s’organise différemment, il est clair que notre métier a perdu énormément d’attractivité.

Comment faire pour retrouver de l’attractivité ?

Pour la CFTC-EPR, le combat pour le dégel du point d’indice et la revalorisation des carrières, restent une priorité. Pas d’attractivité nouvelle sans hausse programmée et continue sur plusieurs années du point d’indice. Retrouver un niveau de pouvoir d’achat équivalent à celui des années 1970 est le préalable avant tout nouvelle négociation sur l’organisation du métier d’enseignant.

A ce titre et dans ce contexte, la CFTC-EPR reste toujours opposée à une réforme des retraites qui abaisse de façon drastique les pensions des retraités de l’Education Nationale.

Avant tout, une réflexion doit s’effectuer.

Pour la CFTC-EPR, nos salaires doivent être revus à la hausse en deux étapes. Au préalable, il est plus que nécessaire d’augmenter les salaires pour s’aligner à minima sur ceux de nos voisins européens qui sont souvent pris en exemple. Une fois ceci effectué, dans un second temps, il est nécessaire de revoir tous ces salaires à la hausse réelle et sans équivoque, pour que soit maintenu le pouvoir d’achat des retraités !

La revalorisation promise, notamment les 500 millions pour les jeunes professeurs pour faire « passer la pilule » de la réforme des retraites est un premier pas mais elle doit être découplée de cette réforme et il ne sera évidemment pas suffisant si nous en restions là.

La CFTC-EPR propose également d’ouvrir plus largement les conditions d’accès à la classe exceptionnelle, nouvelle classe créée il y a quelques années. Aujourd’hui, il faut notamment 8 années effectuées en REP+ pour pouvoir y prétendre. La revalorisation des carrières passe par un accès plus facile à la classe exceptionnelle.

Enfin, si un enseignant volontaire souhaite s’investir davantage dans d’autres missions liées à son métier (référent culturel, coordinateur de niveaux, relation écoles primaires-collège…), il doit pouvoir le faire et les primes obtenues en échange du travail supplémentaire doivent être intégrées à sa future pension de retraite.

Un enseignant d’aujourd’hui est formé au niveau Bac +5 et est capable d’évoluer dans son métier au nom de l’intérêt des élèves qu’il a en charge. A notre institution de reconnaître la qualité de notre travail et de proposer à nouveau des carrières attractives pour attirer un maximum de jeunes toujours plus compétents et formés !




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