Directeurs et directrices d’école : avancer sans rien, tel est leur destin ?
Les directrices et directeurs d’école craquent et le disent. Ils n’en peuvent plus de ce système hypocrite où ils sont responsables, mais pas vraiment, pilotes mais pas vraiment, organisateurs mais pas vraiment, premiers interlocuteurs mais pas vraiment…
Ils sont le pivot de l’école, mais pas vraiment…
En fait, si…
Lorsqu’une difficulté apparait, le directeur doit être présent et représenter l’Education Nationale. Valet sans titre, il donne encore et toujours plus de sa personne. Ce dernier point est bien connu de notre administration. Un directeur d’école fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire fonctionner « son » école. Il se donnera à corps perdu pour satisfaire élèves, parents, hiérarchie, partenaires… au détriment de sa santé, au détriment de son avancée sociale (il n’y en a pas !)
Au quotidien, il endosse une panoplie de casquettes, enseignant, directeur, infirmier, secrétaire, psychologue, informaticien, gérant, chef de chantier… Il est au front à tout moment de la journée et est le premier rempart de l’institution. Parents, administration, partenaires savent qu’il est présent et l’utilisent souvent pour déverser leur mal être, leurs incompréhensions, exprimer leurs difficultés. Le directeur doit écouter, avec bienveillance, répondre avec bienveillance, participer, encadrer, faire, faire faire…
Concrètement, les directrices et directeurs d’école sont présents à l’école pour tout faire et remédier aux difficultés de tous ! Pour preuve, lors du confinement, tous ont reconnu l’importance du rôle de la direction d’école, de son implication dans la sphère Education,
Face à eux, la hiérarchie déplore le manque de reconnaissance, de statut… mais ne fait rien pour remédier à la situation.
Et pourtant…
Tous s’accordent pour dire que la direction d’école est un métier à part entière ! Le temps du directeur enseignant est dépassé ! On demande au directeur d’être pointu au niveau de la sécurité, de gérer une équipe, de l’accompagner, de coordonner le projet de l’établissement, d’être l’interlocuteur privilégié des partenaires… Compétences, capacités, métier qui n’ont rien à voir avec le statut et les missions des enseignants !
Pour rappel, il y a encore quelques années, une association de directeurs d’école avait effectué un sondage, faisant remonter le fait que 93% des directeurs revendiquaient un statut.
Craignant de voir apparaître les petits chefs, nombreux sont les syndicats qui s’y opposent, se proclamant les grands défenseurs de l’Education Nationale, et devenant les grands politiciens de la direction des ressources humaines à moindre coût !
Ces mêmes défenseurs de la direction qui s’évertuent à rabâcher ce qu’il faut faire ou pas faire aux directrices et directeurs d’école, pour la plupart, sans jamais avoir endossé le tablier du directeur ! Ces mêmes défenseurs qui revendiquent les mêmes piécettes depuis 1989 ! Ces mêmes défenseurs qui réclament depuis Mathusalem quelques heures de décharges supplémentaires, une direction collégiale (impossible à mettre en place), une aide à la direction (qui a été supprimée au vu de son manque de statut), une charte entre les directeurs et les IEN (n’apportant rien de nouveau), quelques deniers supplémentaires (pas une grille propre aux directeurs car on fait tous le même métier !)
Pourtant, pour la CFTC-EPR, tous seraient gagnants. L’Education Nationale, l’école, le monde enseignant ainsi que tous les partenaires bénéficieraient de cette avancée notoire.
Une fois de plus, une petite explication sur le statut de la direction d’école semble nécessaire.
Au préalable, lorsque l’on parle de statut, la CFTC-EPR notifie qu’il y a nécessité d’attribuer, en urgence, à l’école un réel statut juridique donnant une vision claire de la gouvernance de l’école de la République du 21èmesiècle. Cette attribution permettrait inéluctablement de réduire les iniquités et inégalités existantes entre les écoles d’une même commune, de communes différentes ! Un CA, composé de parents, de responsables territoriaux et de l’administration, d’enseignants, peut décider, orienter l’aspect pédagogique de l’établissement, guider une école. De plus, ce statut aurait la possibilité de contrôler et d’imposer une municipalité à réaliser les travaux nécessaires à l’entretien du bâti scolaire, la sécurité, l’accompagnement…
Pour la CFTC-EPR, à ce statut d’établissement, doit inévitablement se greffer un statut de la direction d’école définissant ses missions, ses prérogatives et ses moyens.
La CFTC-EPR insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un statut hiérarchique et que les directrices et directeurs d’école n’ont pas à apporter d’appréciation sur les collègues. Il s’agit bien de donner aux directrices et directeurs d’école les moyens juridiques de prendre des décisions dans la gestion de leur établissement (pilotage, organisation, responsabilités, organisation des budgets, autorité administrative, sécurité…). Pour ce faire, les directrices et directeurs d’école doivent disposer d’un cadre clair, dans lequel est notifié leurs devoirs, leurs obligations mais aussi leurs droits, les outils mis à leurs dispositions pour mener à bien leurs missions, droits matériels, financiers, humains. Nous l’oublions souvent, mais la formation de ce personnel devient évidente et réglementaire !
La CFTC-EPR rappelle ici la nécessité d’accorder à chaque école les moyens humains nécessaires pour assurer son fonctionnement, par la mise en place, d’une part, d’une aide à la direction pérenne, d’autre part, d’un AE sécurité sur lequel la direction peut s’appuyer.
La CFTC-EPR tient à rappeler une fois encore, la nécessité de reconnaître le travail des directrices et directeurs d’école. Cette reconnaissance doit passer par une réelle revalorisation des temps de décharge et par la dotation pour chaque directrice et directeur d’au moins une demie décharge, par une revalorisation salariale et par l’instauration d’une grille spécifique pour la direction d’école, garantissant la prise en compte de leur carrière.
Ce métier étant très prenant, mais usant (surtout dans les conditions actuelles d’exercice.) Il est aussi important que les directrices et directeurs d’école puissent bénéficier de passerelles vers des postes de mêmes catégories des autres ministères. Nous pourrons alors parler d’une véritable avancée !
Que dire de plus ?
Aux détracteurs, aux empêcheurs de tourner en rond, à ceux qui refusent un statut objectif de l’école, de la direction d’école, refusant de voir l’évidence, la CFTC-EPR les invite à sortir de leur bureau matelassé et à assumer actuellement une direction d’école…
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